LIBRE TRIBUNE



« La restauration de la continuité écologique » une absurdité.
Par Mr Florent Gouault :

Au-delà de ce funeste « projet du lac » et plus généralement au niveau national et européen, cette restauration de la continuité écologique des cours d’eau est un non-sens, pour ne pas dire une véritable escroquerie sur fonds publics.

Prétendre rétablir le bon état de nos cours d’eau en restaurant la continuité écologique, en détruisant le patrimoine de moulins, de biefs, de seuils, d’étangs, de barrages hydroélectriques, delacs etc.… relève tout au moins de l’absurdité.

On fera encore un énième constat que toutes les sommes astronomiques investies dans cette restauration de continuité écologique des cours d’eau n’auront en rien résolu le problème de mauvais état de nos cours d’eau.

Beaucoup se seront servis au passage et les pollutions de nos cours d’eau auront continuées.

Une approche holistique s’impose.

Le mauvais état de nos cours d’eau perdure depuis environ 60 ans, concomitamment à l’avènement de notre société de consommation de dingue et tous ses polluants qui sont déversés dans nos cours d’eau : plastiques, polluants éternels, herbicides, pesticides, insecticides (actualité récente près de la Rochelle : multiplication des cancers chez les jeunes), hydrocarbures, les conséquences du tout camion et du tout voiture etc… , mais aussi, la destruction des haies et des talus, l’artificialisation et l’imperméabilisation des sols qui transforment nos cours d’eau en torrents à la première averse orageuse (actualités inondations en Espagne et partout). Des leçons devraient en être tirées, non, on continue.

Mr BARNIER prévoit d’étendre le PTZ (prêt à taux zéro) à tout le territoire et à la maison individuelle.

Peut-on continuer à construire tous ces réceptacles (pavillons, parkings, routes, rues, zones commerciales et industrielles etc..), sans se soucier des conséquences en aval de nos cours d’eau, dans l’impunité totale ?

Le réchauffement climatique est responsable de la fonte des glaciers, on ne peut pas s’en servir comme bouc émissaire à tout pour se soustraire de ses responsabilités.

La ZAN (zéro artificialisation nette) devrait être appliquée dès maintenant et non pas dans 25 ans comme la loi climat et résilience le prévoit. Nous devrions aussi détruire une grande partie de cette artificialisation et imperméabilisation des sols.

J’ai encore photographié dernièrement une grille de pluvial sous laquelle il y avait des centaines de mégots, des mégots qui finissent inéluctablement dans nos cours d’eau.

Je ramasse souvent des bouteilles en verre ou bien des piles, il faut mettre des consignes sur tous ces produits.

C’est à tout ça qu’il faut s’attaquer.

On ne peut pas continuer comme ça.

On organiserait notre autodestruction depuis 60 ans que l’on ne ferait pas autrement.

Non seulement cette restauration de continuité écologique des cours d’eau n’est pas la solution au problème de mauvais état de nos cours d’eau, mais en plus elle participe, au même titre que l’artificialisation et l’imperméabilisation des sols, à l’assèchement des sols puisqu’elle renvoie l’eau à la mer aussi vite qu’elle est tombée.

J’ai entendu que les nappes phréatiques en Bretagne n’avaient été rechargées totalement qu’au mois de mai ou juin alors que nous avons connu un hiver 2023/2024 particulièrement pluvieux.

Cela doit encore nous interroger sur ce que nous faisons depuis 60 ans.

Le dépôt des sédiments et l’eutrophisation pour justifier de la restauration de la continuité écologique des cours d’eau relève encore une fois de plus de l’absurdité.

Imaginons revenir à une nature pristine, nous aurions entre autres, des arbres morts couchés en travers de nos cours d’eau et ces deux phénomènes seraient infiniment plus importants , l’eau serait retenue, elle s’infiltrerait et elle permettrait la recharge des nappes phréatiques. La plupart de nos cours d’eau ne seraient pas des cours d’eau mais des zones humides. Ils ont été aménagés pour drainer , cultiver les terres, le transport etc…

Il faut prendre le temps et la peine de regarder quelques vidéos sur YouTube de RCE.

A grands coups de pelleteuses et de godets, de toiles géotextiles et d’empierrement, ils réalisent une restauration de continuité écologique des cours d’eau fantasmée dans des bureaux d’études, sans reliefs, sans éperons rocheux, sans chutes, sans vasques, etc…bref, un « machin » qui n’existe pas dans un environnement naturel.

Le processus, l’engrenage abracadabrantesque qui a permis cette notion de continuité écologique introduite par cette DCE doit interroger.

Les directives européennes se retranscrivent dans le droit de chaque pays de l’UE.

« On peut sauter sur sa chaise comme des cabris en disant l’Europe l’Europe …»

Chacun doit connaître les véritables enjeux, les tenants et aboutissants, les conséquences.

Dans leur rapport sur les méthodes de transposition des directives européennes, les députés Jean-Louis BOURLANGES et André CHASSAIGNE relèvent, entre autres, que seulement 14 % sont législatives.

Certes, qu’elles soient nationales ou européennes nos institutions reposent sur la fiabilité et l’honnêteté des hommes et des femmes qui les dirigent, mais tout de même… !!

Cette restauration de continuité écologique des cours d’eau vient alimenter le : « écologie punitive » et ne rend pas service à l’écologie.

Les hommes ont construit des barrages depuis toujours et les écosystèmes ont continué à vivre longtemps et parfaitement. Des personnes d’un certain âge peuvent encore témoigner s’être baignées sans la moindre crainte et avoir péché dans des rivières très poissonneuses.

Je ne prétends pas qu’il ne faut pas entretenir nos cours d’eau.

Il faut sanctionner aussi tous ceux qui s’arrogeraient le droit de détourner tout ou partie de nos cours d’eau.

Commentaire de Mr Raoul Aubry :

La DCE n’a jamais introduit la notion de continuité écologique, et par conséquent les administrations, agences de l’eau, comités de bassins, municipalités, qui effectuent des travaux à ce titre en justifiant appliquer la DCE mentent.
Les termes » continuité écologique » ne sont cités qu’une seule fois dans l’annexe 5, comme un des moyens possibles, mais non exclusif, d’améliorer la qualité des eaux. Comme pour beaucoup de choses, la France en a fait plus en décidant que cette continuité écologique était la seule et unique manière de restaurer la qualité des eaux. En décidant que en envoyant l’eau à toute vitesse à la mer, on allait en améliorer la qualité, et la fédé de pêche, en a profité pour définir que la continuité écologique c’était pour permettre aux poissons migrateurs de remonter les cours d’eau, et aussi aux sédiments de circuler vers la mer.. comme si ces deux choses n’existaient pas avant.. Donc il fallait détruire des ouvrages pour que les poissons reviennent. Le bilan après 15 ans est catastrophique, malgré les millions d’euros dépensés, pas plus de poissons migrateurs dans les cours d’eau, les populations ont même diminué concernant le saumon Atlantique notamment, et on continue.
Alors que la mise en perspective du taux d’équipement en station d’épuration des agglomérations entre les années 70 et 2000 et de la disparition des poissons, montre une étrange coïncidence. Tant il est connu que les stations d’épuration ne savent pas tout traiter, loin de là et qu’en cas de dysfonctionnement, rien n’est traité et tout part à la rivière.
De plus les boues issues de ces stations sont  » valorisées » en étant épandues dans les champs, avec leurs lots de polluants concentrés. La pluie faisant son travail, transporte tous ces polluants vers les rivières. C’est donc une pollution différée tout aussi nocive pour les organismes aquatiques.
Par contre dans cette DCE l’article 4 impose aux états de conserver et d’améliorer les masses d’eau artificielles, construites par l’homme, et pourtant les agences de l’eau, les municipalités, les sociétés de pêche continuent de les détruire de façon illégale donc.
Ce projet de bagnoles de l’Orne fait partie de ces choses illégales que les administrations couvrent sous des prétextes obscures de financement. On rend administrativement quasi impossible un desenvasement, en imposant des mesures très coûteuses sans subventions. Et de l’autre côté , pour satisfaire un dogme écolo intégriste, on finance la destruction des retenues sur argent public Sans faire d’étude d’impact au cas par cas.
Ce projet de bagnoles est illégal à plusieurs titres, il viole l’article 4 de la DCE, il ne répond pas aux objectifs du L211-1 de gestion équilibrée des usages de l’eau, selon les mots mêmes du responsable du projet au sein de l’équipe municipale, la Vée au niveau du lac n’est concernée par aucune obligation de restauration de continuité écologique, puisque non classée ni en liste 1 , ni en liste 2 selon l’article L 214-17 du code de l’environnement. Alors pourquoi ce projet? Et pas un désenvasement simple, comme nos ancêtres l’ont fait pendant des siècles. Il est permis de se poser la question si d’autres objectifs moins avouables sont cachés derrière ce projet ??

Source

Directive cadre sur l’eau ; DCE
https://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=CELEX:32000L0060:fr:HTML

LA CATER

Calvados Orne Manche

Classement des cours d’eau

Depuis près dʼun siècle, la rupture de la continuité au long des cours dʼeau nʼétait perçue quʼau travers du filtre halieutique puis piscicole. Aujourdʼhui lʼamélioration des connaissances en matière de fonctionnement des hydrosystèmes nous permet de mieux comprendre le rôle écologique des flux amont/aval quʼils soient animaux, végétaux ou minéraux. Notons que les flux transversaux sont tout aussi importants mais traités plus efficacement sur le plan réglementaire.

Après de nombreuses lois sur la continuité piscicole, la Loi sur lʼEau et les Milieux Aquatiques (LEMA) de 2006 a introduit la notion de continuité écologique. Cette dernière qui intègre maintenant le libre transit sédimentaire va conduire à une prise en compte plus globale du fonctionnement des cours dʼeau dans la mise en oeuvre des modalités de gestion des ouvrages ou dans leurs aménagements.

Cette évolution règlementaire a été lʼoccasion de réviser lʼancien classement des cours dʼeau. Lorsque ce processus de révision aura abouti (processus en cours piloté par les Directions Départementales des Territoires (DDT)), cʼest lʼarticle L.214-17 du code lʼenvironnement qui entrera en vigueur en lieu et place de lʼarticle L.432-6.

Lʼarticle L.214-17 classe les cours dʼeau en 2 listes complémentaires lʼune de lʼautre :

  • La liste 1, pour les cours dʼeau à préserver (notamment ceux en très bon état écologique, les réservoirs biologiques et les rivières à fort enjeu pour les poissons migrateurs amphihalins). Sur ces cours dʼeau, aucun nouvel ouvrage ne pourra être installé s’il constitue un obstacle à la continuité écologique;
  • La liste 2, pour les cours dʼeau à restaurer sur lesquels il est nécessaire dʼassurer le transport sédimentaire et la circulation des poissons migrateurs. Les ouvrages existants devront être mis en conformité dans un délai de 5 ans après publication de la liste.

Les listes pourront être révisées tous les 6 ans dans le cadre de la révision des Schémas Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE).

Les arrêtés de classement pour le bassin Loire Bretagne sont disponibles sur le site de la DREAL Centre :

Une nouvelle gestion des rivieres arrive à l’heure de la Gemapi

Pour mémoire la Vée et son lac ne sont ni classés en liste 1 ni en liste 2.


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